florissante. C’est qu’en effet Bassorah est le grand entrepôt du golfe Persique. Elle en occupe l’extrémité septentrionale. Là, affluent les produits d’Arabie, de Perse, de Bagdad, etc.
Les quais sont à peu près entretenus, les débarcadères presque en bon état.
Mais l’admiration de Tibérade et de son compagnon fut brusquement remplacée par le sentiment de la réalité qui les poussait en avant, du fait de l’apparition du propriétaire du Caravansérail Euphratikos, dressant le désordre de ses constructions sur la rive du fleuve.
Cet homme appelait d’un accent suraigu :
— Uko, général pacha ! Tibérade-bey !
— Nous répondons à ces noms, s’exclamèrent aussitôt les voyageurs.
— Alors, reprit le braillard, la jeune fille vous adresse ceci.
Une lettre passa de ses doigts dans ceux du cousin d’Emmie, et le Français lut à haute voix :
« Sika, captive au palais du prince Ahmed. Y suis comme jardinier. Venez vite. Je vous ferai entrer par une petite porte s’ouvrant dans la muraille de briques, sur la ruelle des Médressés. Soyez armés ; il importe d’être prêts à tout. Ta petite Emmie qui va pouvoir enfin te permettre de la rejoindre. »
Comme dans un opéra bien fait, les deux hommes saisirent leurs armes et clamèrent en chœur :
— Courons !
Mais jamais la figuration d’une Académie de musique quelconque ne s’ébranla à une allure aussi précipitée, que ces deux hommes éperonnés par l’appel pressant de la fillette.
Tout entiers à l’idée de se porter au secours de la captive du prince Ahmed, ils ne remarquèrent pas un groupe de personnes qui, à l’abri d’un chariot, arrêté a quelques pas, les examinait curieusement.
Et pourtant il eût été intéressant pour eux d’identifier ces observateurs.
Ceux-ci étaient au nombre de trois : deux hommes, une femme, que Marcel et son compagnon eussent catalogués, sans l’ombre d’une hésitation, sous les noms