Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/306

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inquiétants de Midoulet, de Véronique-Pierre et de mistress Lydia Honeymoon.

Les voyageurs éloignés, les espions échangèrent quelques brèves paroles. En suite de quoi, Célestin Midoulet se lança à la poursuite des amis de Sika, tandis que la jolie Anglaise et son féal Pierre Cruisacq s’en allaient tranquillement de leur côté.

Par quel concours de circonstances, les adversaires de la politique du Mikado se trouvaient-ils réunis, semblant avoir abdiqué leur rivalité antérieure ?

Quand Emmie avait quitté le campement d’Ali-ben-Ramsès, Midoulet et Pierre dormaient profondément sous la tente qui les abritait.

Aucun pressentiment ne troublait leur sommeil. Ils reposaient avec la double quiétude des gens qui ont accompli tout leur devoir et qui ne redoutent aucun mauvais tour de l’adversité.

Ils avaient tort, on le sait, car la petite Parisienne se mettait hors de leur portée et, détail plus grave, entraînait bien loin d’eux le message de drap gris fer de l’empereur du Soleil-Levant.

Le soleil, emblème du pays des chrysanthèmes, se croyait sans doute astreint à protéger les desseins du souverain japonais, car l’aube se manifesta dans un ciel chargé de nuages, laissant parcimonieusement filtrer vers la terre une lumière grise, terne, indécise.

Sous la tente, il continua de faire nuit.

Tant et si bien que neuf heures sonnaient aux horloges des cités lointaines, quand messire Phœbus, ayant enfin réussi à percer de ses flèches d’or l’écran des nuées, les dormeurs eurent conscience de la clarté revenue. Ils s’agitèrent sur leurs nattes, bâillèrent, s’étirèrent, et finalement ouvrirent les yeux.

— Toujours seuls, fit d’une voix pâteuse l’agent, après un regard autour de lui.

— Toujours, affirma Pierre qui saisit avec joie d’être du même avis que son compagnon, auquel il eût si volontiers faussé compagnie.

— Eh bien ! un brin de toilette, et rejoignons cette enragée fillette qui a dû passer la nuit en faction auprès du vêtement insaisissable.

Par réflexion, Midoulet ajouta :

— Car je suis curieux de savoir si elle a réussi à se le faire donner par ces idiots arabes.