parte à cheval, et qu’elle enterre dans le sable l’objet sacré, là où l’ombre du Prophète lui apparaîtrait.
— Et le cheik l’a laissée s’éloigner ?
— On ne désobéit pas aux commandements du grand Prophète de l’Islam !
— Imbéciles !
L’Injure crépita sur les lèvres de Midoulet. Par bonheur, le sens du mot français échappa au guerrier, lequel continua, de sourire, semblant ravi d’avoir entretenu si longtemps les hôtes de son chef.
Quoi qu’il en eût, l’agent comprit qu’il devait se calmer. Emmie avait neuf à dix heures d’avance sur ceux qu’elle avait si lestement abandonnés. Pour la rejoindre, il fallait deviner vers quel point elle s’était vraisemblablement dirigée.
L’examen d’une carte fixa rapidement Célestin, lequel, il convient de le reconnaître, était un « sujet », ainsi que l’on exprime en style administratif, ayant la valeur de quiconque est apte à commander.
À Beyrouth seulement, Emmie pouvait trouver les moyens de gagner Bassorah, but certain de la jeune péripatéticienne. Donc, lui-même se rendrait à Beyrouth.
Il fit partager sa conviction à Pierre. Celui-ci d’ailleurs restait insouciant à tout, depuis qu’il était séparé de mistress Lydia. Toute autre chose lui devenait indifférente, et la seule réplique qui montât à ses lèvres, encore qu’il l’arrêtât par prudence, était :
— Cela m’est tout à fait égal.
Sans discussion, les deux hommes, l’un exalté, l’autre très froid, présentèrent leurs remerciements et adieux au cheik Ramsès. Ce dernier leur souhaita un voyage exempt d’ennuis, avec l’œil bienveillant d’Allah sur eux. Il leur fit rendre leurs chevaux, parfaitement reposés à présent, et les accompagna jusqu’aux limites du camp.
Tout le jour, les cavaliers trottèrent sous un soleil de plomb. Le retour cependant était plus facile que le voyage en sens inverse. Ils n’avaient plus la crainte de s’égarer. En marchant vers l’ouest, ils étaient certains d’atteindre Beyrouth.
Aussi gagnèrent-ils du temps et, le crépuscule commençant à peine, ils mirent pied à terre devant l’en-