Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/309

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trée de l’Ismaïl-Hôtel, qu’ils avaient quitté quarante-huit heures plus tôt.

Là, dès les premiers mots échangés avec le gérant, Midoulet acquit la preuve qu’il avait raisonné juste en ce qui regardait l’itinéraire probable adopté par Emmie.

L’industriel, loquace comme la plupart de ses confrères, exprima, à grand renfort de gestes et d’exclamations, la joie de revoir ses hôtes.

Il déclara n’avoir pas respiré d’inquiétude depuis deux journées. Sachant que ses clients se rendaient dans la montagne, en plein territoire druse, il s’était imaginé les pires aventures.

Et voilà qu’ils revenaient indemnes, alors qu’au milieu du jour, il avait déjà reçu la jeune fille qu’ils honoraient de leur compagnie.

Mlle Emmie, prononça l’agent, non sans un regard triomphant à l’adresse de Pierre.

— C’est ainsi qu’elle se fait appeler.

— Et elle se trouve à l’hôtel ?

— Non, non, je n’ai pas dit cela. Elle y a séjourné à peine le temps de me vendre un cheval superbe qu’elle m’a affirmé être un présent des Druses. On ne contredit pas une cliente, n’est-ce pas ? Des Druses !… faire un cadeau !… Cela est incroyable cependant, car, sans vouloir en médire, ils sont plus habiles à dérober qu’à donner. Mais la demoiselle semblait pressée de se défaire de sa monture ; j’ai consenti à la lui acheter pour lui rendre service, car je n’en avais nul besoin…

Le disert gérant n’avouait pas qu’il avait profité de la circonstance, pour payer environ quatre cents francs un cheval en valant trois mille.

Au surplus, son récit ne parut pas à Midoulet mériter une plus longue attention, cor il l’interrompit pour questionner :

— En se séparant de vous, où est-elle allée ?

L’hôtelier se frotta les mains.

— Cela, je puis le dire, car elle a consulté l’horaire des trains.

— Parfait, je cours à la gare.

— Oh ! inutile, elle est fermée maintenant.

— Fermée !

Ce mot ne fut pas un mot, mais un rugissement dé-