Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mable, et j’y trouvais un plaisir si grand que je ne saurais le qualifier.

Elle ne répondit pas, bouleversée par la présence de cet homme, que la Soudanaise lui avait désigné la veille comme un époux… obligatoire.

— N’avez-vous aucun souhait à formuler ? reprit-il. Je serais si heureux de vous obéir.

« Ne craignez pas d’ordonner : palais, esclaves et moi-même sommes à vous !

— Eh bien, seigneur, une chose bien simple entraînerait toute ma reconnaissance.

— Je vous conjure de la dire, car mériter votre gratitude est le plus cher de mes vœux.

— Prenez garde, vous vous avancez beaucoup.

— Peu ou beaucoup, qu’importe, si j’ai le bonheur de vous être agréable.

Le visage de la jolie Japonaise s’illuminait d’un doux sourire. Vraiment, on eût cru voir en elle une fillette se livrant au plaisir d’une naïve coquetterie. Et pourtant, son cœur se contractait dans sa poitrine, elle avait peur ; oui, peur des vocables qui allaient s’échanger.

Son regard se fit plus implorant, son organe plus enveloppant.

— Vous voulez savoir ce que je désire ?…

— Certes, parlez. Que souhaitez-vous ?

— La réalisation d’une promesse de vous, prince.

— Une promesse, laquelle ? Je tiendrai plus que je n’ai promis.

— Eh bien, ainsi que vous vous y êtes engagé durant notre voyage, permettez que j’avise mon père du lieu de ma retraite.

Surpris à l’improviste, Ahmed avait froncé les sourcils. Son visage prit une expression menaçante. Un silence, lourd comme l’accalmie qui précède l’orage, pesa sur les causeurs.

La gêne devint si pénible pour Sika qu’elle voulut parler, rompre l’envoûtement qui dominait ses nerfs. Et tout son être contracté par l’effort, elle murmura, appelant sur ses lèvres l’intonation de la surprise :

— Hésiteriez-vous ?

Lui, serra les poings ; durement il jeta :