Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/34

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avec la tranquillité d’un visiteur certain de ne rencontrer aucun indiscret, et gagna la rue.

Sur le trottoir, il parut hésiter, mais son indécision fut de courte durée. Il eut un sourire et prononça ces étranges paroles :

— Ils sont évidemment rentrés à l’hôtel. Ils n’en ressortiront qu’après le déjeuner. Donc rien à faire jusque-là. Je puis m’accorder le charme de la promenade à pied.

De fait, il se mit en marche à une allure de flâneur, parcourut plusieurs voies et déboucha enfin sur l’avenue des Champs-Élysées qu’il remonta, le nez au vent, semblant s’intéresser au mouvement des voitures et des piétons.

À le voir, on l’eût pris pour un étranger prenant contact avec Paris.

Quelques instants, il se planta devant l’Arc de Triomphe, comme s’il déchiffrait les noms glorieux qui tapissent les massifs piliers, puis il reprit son chemin.

Bientôt, il entrait au Mirific-Hôtel. Consultant sa, montre, il murmura :

— Midi vingt. À table, ami Midoulet.

La spacieuse salle à manger s’ouvrait à l’extrémité de la large galerie bordée par la succession des petits salons de conversation.

L’agent y parvint et s’assit à une table sise très près de l’orchestre tzigane, chargé de distribuer la nourriture musicale aux oreilles des clients dont les cuisines se réservent de satisfaire l’estomac.

Et, tout en attaquant les hors-d’œuvre, il promena autour de lui un regard investigateur.

À l’autre extrémité de la salle, le général Uko et sa fille Sika déjeunaient. Ils devisaient gaiement sans soupçonner la surveillance dont ils étaient l’objet.

— Tiens, se confia Midoulet. Ils ont dû déposer leur paquet dans leur appartement. J’aurais dû y faire un tour.

Mais il secoua la tête.

— Non : Leur nouvelle domestique doit être là. Le premier jour de son engagement, une fille de cham-