Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/359

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donner satisfaction tout en ne le satisfaisant pas. Très simple le problème sous son apparence compliquée. Arrivée à Bassorah, très en avance sur vous, je me rendis tout droit chez un tailleur de la ville. Les artisans ont ici une habileté d’imitation vraiment admirable. En vingt-quatre heures, ce brave homme m’a confectionné un frère jumeau du pantalon du très noble mikado ; jumeau à ce point que je n’aurais pu les distinguer l’un de l’autre, si je n’avais pris soin d’apporter une petite retouche au véritable, retouche qui eut pour effet de lui donner l’aspect que vous voyez.

Elle balançait la façon de caleçon servant à la démonstration de ce récit.

— Une petite, répétèrent les assistants, vous appelez, petite retouche, couper les Jambes…

— L’amputation est sans douleur pour un patient de cette espèce, répliqua la fillette sans s’émouvoir, et toujours souriante :

« Je n’en finirai jamais si vous m’arrêtez sans cesse. Elle tendit le caleçon de drap gris à Tibérade.

— Tiens, cousin, tu le porteras désormais. Recouvert de ton « inexpressible » à jambes, nul ne soupçonnera le subterfuge ; ainsi nous, Sika et moi, infortunées jeunes filles, n’aurons plus à affronter le danger de porter culotte.

Sa liberté d’esprit stupéfiait ses interlocuteurs. Le général voulut encore discuter.

— Mais, bredouilla-t-il d’une voix empreinte de soudaine timidité, le vêtement formait un tout indivisible. Nous ignorons si les jambes ou le corps, ou tous deux, ne constituent pas le signe dont le sens instruira le destinataire.

— Très juste.

— Je sais bien que cela est juste. Aussi, je vous prie de me dire ce que vous avez cru devoir faire des jambes ?

D’un même mouvement, Sika et Marcel se rapprochèrent, marquant par ce mouvement l’intérêt qu’ils reconnaissaient à la question du Japonais.

— Oui, qu’en as-tu fait ? répéta Tibérade.

— Ne te frappe pas, cousin, railla l’espiègle, j’en ai fait des brassards.