Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/360

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— Des brassards ? redirent les auditeurs ahuris.

— Mais oui. Dissimuler le pantalon entier, ce n’était commode pour personne. Tandis que, maintenant, à toi le caleçon, cousin Marcel ; à moi les jambes… Nous serons un pantalon en deux personnes, et les Midoulets de toute nationalité ne soupçonneront pas que nous faisons cette chose pas ordinaire d’être deux dans un même vêtement.

Elle riait de si grand cœur que sa gaieté gagna ses amis.

D’un geste rapide, elle retroussa les manches du manteau de soie blanche dont elle était couverte, présentant ses bras emprisonnés dans des bandeaux de drap gris fer.

— Regardez, fit-elle. Ça n’est pas précisément ajusté. Mais enfin, tel quel, cela serait tout à fait confortable dans les contrées froides. Ici, cela à un petit inconvénient, c’est très chaud. Mais, bah ! un peu plus, un peu moins… Je ne fondrai jamais complètement.

Une fois de plus, les qualités de décision, de bon sens de la jeune fille se révélaient à ses compagnons de voyage.

Elle disait vrai. Il ne viendrait à la pensée de personne de supposer le port original d’un seul pantalon par deux individualités.

Et ma foi, elle passa des bras de Tibérade dans ceux du général, pour être enfin étreinte par Sika, réellement enthousiasmée par les ressources inépuisables de l’esprit de la petite Parisienne.

Tous s’abandonnaient à la joie des effusions, quand des coups redoublés, ébranlant la porte, les firent sursauter avec l’inquiétude de gens pour qui tout imprévu peut apporter une menace.

— Qu’est-ce encore ?

La question tombe de leurs lèvres. La réponse se présente aussitôt sous la forme d’un serviteur, que démasque le battant en tournant sur ses gonds.

— Que veux-tu ? interroge Uko d’un ton rogue.

Le Japonais est furieux que le drôle lui ait causé une impression désagréable.

L’autre s’incline jusqu’à terre. Un peu plus, il se prosternerait.