Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/390

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— Perdus ! s’écrient Marcel et Sika.

— Merci, petite Emmie, clame le général lui tendant les bras. Mourir n’est rien avec un honneur intact.

Mais d’une voix brève, Lydia ordonna :

— Que personne ne bouge. Monsieur Pierre, abattez impitoyablement quiconque enfreindrait ce commandement. Nous descendrons en vol plané.

Certes, les passagers sont armés. Ils pourraient lutter contre leurs ravisseurs. Nul n’y songe. Tous sont pris par l’horreur de la descente planée. Ils se trouvent à deux kilomètres de la surface du sol.

Ils sentent que la plus légère fausse manœuvre de la jeune femme, qui pilote l’appareil, transformerait le glissement de l’oiseau blessé sur un plan incliné en chute vertigineuse, à pic, dans l’abîme.

Ils frissonnent à la pensée du choc formidable, réduisant l’aéroplane, ses passagers en une innommable bouillie.

Et angoissés, haletants, soudain étreints par le sentiment de leur faiblesse, ils voient les fils métalliques se tendre, obéissant aux leviers que manœuvre Lydia.

Le gouvernail de profondeur s’incline ; l’aéroplane descend, mollement bercé par de légers remous.

Pierre a oublié les ordres de la jolie Anglaise. Il ne s’occupe plus des passagers ; il la regarde, plein d’admiration ; ce qu’il ressent à cette heure est une tendresse presque religieuse.

Sans se rendre compte que ses lèvres s’agitent, il parle, il parle selon son cœur :

— Ah ! Lydia ! que vous êtes brave !

— Chut ! fait-elle doucement avec, dans la voix, un tremblement à peine perceptible ; j’ai besoin de toute mon attention, ne me troublez pas.

Il balbutie :

— C’est que j’ai horriblement peur, moi.

Elle a un petit rire :

— De tomber…

— Oh ! pas moi ; mais vous, vous… ; pardonnez-moi, je vous aime tant.

Une seconde, la descente semble s’accélérer. Le cri de tendresse du jeune homme a causé un choc à son interlocutrice. Elle a donné un coup de levier trop