CHAPITRE XII
Les bateaux se suivent sans se ressembler
— Eh bien ! nous voici définitivement débarrassés de M. Midoulet, de mistress Lydia, de tous nos ennemis !
— Ah ! l’espionne anglaise nous a rendu un service signalé.
— Elle a semé son concurrent français.
— Nous l’avons semée à son tour. Grâce au bateau affrété par ce digne M. Mou-Tsu d’Aden, nous avons pu rejoindre, en face de Karta, le joli steamer de commerce qui nous emporte, à raison de dix-huit nœuds, sur les houles grises du golfe Persique.
Ces répliques s’échangeaient entre Tibérade et le général, étendus dans des chaises à bascule, sur le pont d’un vapeur de mille à douze cents tonneaux, à la corne duquel flottait le pavillon japonais.
Auprès d’eux, Sika et Emmie, installées de façon tout aussi confortable, écoutaient en souriant.
— Et nous allons maintenant ? Interrogea la petite Parisienne.
— À Tamatave, ma chère enfant, répliqua le Japonais d’un ton affectueux, qu’il avait toujours à présent en s’adressant à celle qui avait sauvé Sika, le pantalon mystérieux et la liberté de l’ambassadeur lui-même.