Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/412

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— Et une fois à Tamatave, à Madagascar, que ferons-nous ? reprit la fillette.

— Nous attendrons de nouveaux ordres, petite. C’est toujours, le même procédé. Vous vous souvenez que nous reçûmes les derniers à Bassorah. Les suivants nous parviendront tout aussi bien à Tamatave.

Il y eut un silence. La chaleur était accablante ; sous le soleil, dardant des rayons perpendiculaires, la mer prenait une teinte plombée.

Le steamer venait de dépasser l’île d’Ormuz et s’engageait dans le détroit du même nom, reliant le golfe Persique à la mer d’Oman, indentation de l’océan Indien.

Les côtes, arabique à l’ouest, hindoue à l’est, se profilaient au loin comme des brouillards légers.

Soudain, le commandant du bord s’approcha des passagers.

— Qu’y a-t-il, monsieur Asaki ?

La question du général était justifiée par l’air soucieux de l’officier.

— Une inquiétude, général.

— Provenant ?…

— Du point noir que vous distinguez à l’arrière.

— Qu’est-ce ?

— La lunette me l’a appris. C’est un croiseur de guerre anglais.

— Nous n’avons rien à démêler avec les navires de cette nation.

Le commandant gonfla ses joues, secoua la tête, et enfin comme prenant son parti :

— Sa manœuvre semblerait indiquer qu’il veut nous rejoindre.

— Nous rejoindre ? Qui vous fait penser cela ?

— L’observation de ses mouvements. Voilà une heure que je le guette. Il est sorti de la passe située entre Ormuz et la terre ferme, comme d’une embuscade, et s’est lancé dans notre sillage. Tenez, en ce moment même, il force ses feux, et sa marche est sensiblement supérieure à la nôtre.

La quiétude des voyageurs avait disparu.

Ils n’avaient aucune idée des intentions de ce croiseur, dont la marche avait attiré l’attention du capi-