Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/416

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— Vous étiez passager du… ? balbutia le général ahuri par l’affirmation.

— Bien sûr. C’est moi qui ai prévenu le capitaine Asaki de votre enlèvement en aéroplane. C’est grâce à moi qu’il a radiotélégraphié dans toutes les directions. Au reçu d’une réponse d’Aden, annonçant votre départ pour rejoindre le steamer japonais, une pensée m’a mordu.

— Mordu ?

— Oui, car elle était désagréable. Je me suis dit : le général, ses amis ne m’ont jamais vu avec plaisir. Sur ce bateau il n’y a que des Japonais. Donc, je ne pourrai imposer ma présence, et l’on me mettra aux fers à fond de cale. Or, je n’aime pas les mauvais traitements. Je suis donc passé sur le Dunlovan qui, par bonheur, se trouvait là.

Et menaçant du doigt la mutine Emmie, qui vient de murmurer à l’oreille de Sika :

— Il est assommant, ce monsieur !

Il reprit d’un ton doctoral :

— Ici, je puis m’imposer. Or, le pantalon que vous convoyez ne porte aucune trace de message…

— Eh bien, alors ? gronda Tibérade exaspéré par la ténacité de l’agent au service des Renseignements français.

Celui-ci le regarda fixement :

— Monsieur Tibérade, je pense que vous ne tenez pas plus qu’autrefois à devenir traître à votre pays.

Le jeune homme rougit légèrement songeant qu’à cette heure, il portait sous son complet de voyage, un caleçon de drap gris fer, fragment du vêtement qui avait été dissimulé à Midoulet, et l’agent poursuivit :

— Vous rendrez hommage à mon raisonnement… patriotique. Je me suis dit : la signification de l’objet ne résidant pas en lui-même doit ressortir du caractère de la personne à qui il sera remis. Il n’est pas un message ; il est donc un signal.

Tibérade courba le chef, frappé par la probabilité de l’interprétation de son interlocuteur.

Le geste plut à ce dernier, car il continua d’un tout bon enfant :

— Ceci entré dans mon esprit, assuré d’autre part que S. E. le général Uko ne me permettrait pas de