Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/430

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S’il ne le remettait pas, il trahissait la confiance d’Uko, et, de ce fait encore, creusait un abîme entre la blonde Japonaise et lui-même.

Partant, toujours l’anéantissement des espérances auxquelles il refusait de croire jusque-là, et qui, à cette heure tragique, s’imposaient à son esprit.

Ah ! l’emprise de Sika était bien puissante, car, pas une seconde, il n’envisagea la possibilité de prendre Célestin Midoulet, ou même la jolie Lydia, pour confidents.

Et il demeurait là, sur un escabeau grossier, immobile, anéanti, sans pouvoir de réflexion.

Il s’était si bien habitué à l’idée que le pantalon gris fer, un simple signal, ne renfermait aucun message ! La découverte de la vérité le bouleversait.

Comme il s’était mépris ! Combien la réalité le torturait !

Puis, tout à coup, dans son désarroi moral, il songea à sa petite cousine, à Emmie, la compagne rieuse des mauvais jours, dont la gaieté, l’insouciance le consolaient naguère.

Il éprouva un ardent désir de la voir, de lui confier sa peine.

L’homme avait besoin des consolations de l’enfant.

Oui, mais comment la prévenir sans éveiller les soupçons des agents des Renseignements, sans attirer ces curieux sur ses traces ?

L’hôte de Tibérade préparait le repas, sans paraître s’apercevoir de l’odeur vinaigrée emplissant la cabane.

— Antanahevo ! appela Marcel.

L’interpellé leva la tête :

— Que veux-tu de lui ? fit-il avec cet accent zézayant particulier aux Malgaches.

— Tu habites Tamatave depuis longtemps ?

— Depuis toujours.

— Alors tu connais les hôtels de la ville ?

Antanahevo se mit à rire.

— Oh ! les hôtels, pas difficile. Il n’y en a qu’un seul… et encore, les gens de ton pays affirment avec mépris que c’est une affreuse gargote. Je ne sais pas ce que cela signifie au juste ; mais la façon dont ils le disent prouve que ce n’est pas un compliment.

Bon renseignement. Il démontrait à tout le moins