Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/431

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que les compagnons de voyage de Marcel n’avaient pu descendre en un autre endroit.

— Ceci est bien, reprit le jeune homme, et je pense que tu seras capable de te rendre à cet hôtel ?

— En quelques minutes ; la route est brève.

— Bon ! Mais il s’agit d’y pénétrer sous un prétexte dissimulant le véritable motif de ta venue.

— Tu ignores que j’ai mon assortiment de colporteur. Je vis de la vente des soies d’araignée, la spécialité du pays, des sacs de paille tressée, des bijoux, ornés de cristaux des montagnes…

La déclaration arracha à Tibérade un cri de joie qui interrompit l’énumération.

— Mais, avec cela, tu peux pénétrer dans l’hôtel sans éveiller la défiance ?

— Qui se défierait d’un pauvre bétsimisarak (peuple noir de Madagascar) comme moi ?

— Il y a des gens très curieux, mon brave, à l’hôtel même ; et il faudrait arriver, sans appeler l’attention de personne, à remettre à une jeune dame un billet que je te confierai.

— Il sera remis comme tu le souhaites ; tu peux en être certain.

L’assurance de l’indigène se communiqua à son interlocuteur. Marcel traça sur une feuille ce laconique billet :

« Petite Emmie,

« Suis le porteur de ce mot. Il te conduira à mon asile. Une catastrophe se produit. Je suis désemparé, désespéré. Viens pleurer avec moi sur un rêve désormais irréalisable.

« Signé : Marcel. »

Un quart d’heure plus tard, Antanahevo, un gros ballot sur l’épaule, quittait la chaumière, non sans avoir promis :

— Je ramènerai la pitit demoiselle… Et les curieux, ils verront qué du feu.

Combien de temps dura son absence ? Absorbé par ses réflexions peu folâtres, Tibérade n’aurait su l’évaluer au juste.