Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/432

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Mais soudain la porte s’ouvrit. Un froufrou de jupes, un projectile vivant firent irruption dans le pauvre logis, et Marcel se trouva dans les bras d’Emmie, trépidante, émue, loquace :

— Qu’est-ce que tu as, cousin ? Quelle tuile est encore tombée sur ta pauvre tête ?

Le récit du jeune homme provoqua les exclamations stupéfaites de la mignonne Parisienne.

— Quoi ! Le pantalon était une lettre ?… Ah ! il faut être Japonais pour réaliser des idées pareilles.

Mais l’expression de sa surprise ne l’empêcha pas d’énoncer catégoriquement :

— Seulement, Sika vaut bien la peine que l’on ait un peu d’adresse pour la mériter… Donc, ne pas rendre le vêtement au général ; ne pas le donner aux agents. Le porter à destination ; faire le facteur jusqu’au bout ; et cela de façon que ni la France, ni Uko, ni Midoulet et mistress Lydia ne puissent formuler la plus légère critique.

À l’exposé de ce problème bizarre, Tibérade leva les bras au ciel en un geste d’éloquent désespoir.

— Ceci est impossible, commença-t-il, chère petite. Impossible !

Emmie coupa la phrase découragée :

— Tu sais bien, cousin, que ce mot est rayé du dictionnaire français depuis longtemps.

— Rayé du dictionnaire. Je le veux bien ; mais hélas ! pas rayé de la vie.

— De la vie aussi. Je te le prouverai.

— Allons donc ! Tu veux m’encourager. Oh ! Je sais ton affection ; seulement elle ne peut accomplir un miracle.

La petite se prit à rire.

— un miracle, voilà un mot très flatteur pour moi.

— Aurais-tu une idée ? fit-il, troublé par le ton confiant de son interlocutrice.

Elle haussa les épaules :

— Eh ! donne moi le temps de trouver, et pour commencer, confie-moi ce pantalon : c’est-à-dire, se reprit-elle avec un sourire, le seul fragment que tu possèdes, car je détiens le reste.

Et Marcel ayant obtempéré à son désir, ce furent des questions sans fin auxquelles il répondit de son