Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/437

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son visage, mais, par instants, il semble qu’elle contienne avec peine une incroyable envie de rire.

Mais qu’est-ce donc ? Que signifie cela ? Est-ce que Marcel, les agents sont le jouet d’un songe ? Mais non, ils ne rêvent pas.

Sur le bras, le général Uko porte les trois fragments d’étoffe, dont l’ensemble formait le message mikadonal.

Plus fort encore. Il les jette dans les mains tendues de l’agent français.

— Je vous le donne, monsieur Midoulet. Si j’avais pu prévoir pareille mystification, je ne me serais pas donné tant de mal pour vous disputer l’objet.

Sa voix sonne, rageuse. Célestin, Lydia, une seconde interloqués, déplient le vêtement.

Sur le satin noir, qui double la ceinture, des caractères blanchâtres se montrent.

Ils lisent à haute voix cette phrase, stupide autant que stupéfiante :

« Le mikado compte que sa cousine, la reine de Madagascar, lui fera tenir cent livres de gelée de mirabelles d’Anisifavotra. »

Furieux, trépidant, Uko raconte comment il s’est enfui de l’hôtel de Tamatave, entraînant Emmie, qui avait surpris ses préparatifs, comment il est arrivé, en ce jour même, en présence de la reine, qui lui avait été désignée comme la destinataire inconnue jusque-là ; comment il s’était conformé à l’ultime recommandation de ses correspondants mystérieux.

« Ouvrir les yeux, les oreilles. Ne pas perdre un frisson du visage, une intonation de la voix de la souveraine malgache. »

Ah ! sapristi ! Il avait regardé au point d’en avoir, des picotements dans les yeux.

Et il avait vu la reine, ayant fait tremper le drap gris fer dans un récipient contenant du vinaigre, l’exposer ensuite à la flamme d’un grand feu de bois. Il avait vu se révéler l’écriture sympathique et la phrase burlesque, attestant le mauvais goût et la gourmandise du souverain de l’empire du Soleil-Levant. Il était fâché de constater ces vices chez l’empereur qu’il avait servi avec dévouement.