Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/50

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— Je ne me suis pas même présenté. Petite Emmie, une aventure incroyable !… L’automobile emballée… ses deux grands yeux noirs ne la voyaient pas.

— Les yeux de l’automobile ? prononça la fillette, ahurie.

— Mais non, de la jeune fille.

— Quelle jeune fille ? Ah ! tu as une façon de raconter.

Tibérade sourit. Il se mettait en devoir d’expliquer, de narrer l’incident. Il n’en eut pas le temps.

Deux coups frappés à la porte lui coupèrent la parole. Et Emmie ayant ouvert, son cousin recula avec un cri sourd. Sur le seuil, il venait de reconnaître Sika elle-même, avec, auprès d’elle, le personnage qui l’accompagnait quatre jours auparavant à la légation de Corée.

Ce dernier salua courtoisement, puis désignant Marcel du geste :

— Monsieur Marcel Tibérade, je pense ?

— Vous savez mon nom ? s’écria le jeune homme stupéfait de cette entrée en matière.

— Il sied donc que je vous apprenne le mien, acheva le visiteur.

L’index pointé sur sa propre poitrine, l’inconnu annonça d’une voix nette :

— Général Uko.

Puis, appuyant la main sur l’épaule de sa compagne, il ajouta doucement :

— Ma fille Sika !

Après quoi, il s’assit tranquillement sur la chaise que lui avançait Emmie, bouleversée, elle aussi, par là présence inattendue de ce général dans l’humble logis.

Il y eut un silence. Marcel se taisait, parce que son cœur battait à grands coups dans sa poitrine. De son côté, Emmie se sentait quelque peu intimidée, et cette impression, peu ordinaire chez elle, la réduisait au mutisme.

Le général, lui, examinait les deux cousins. Il murmura, les yeux fixés sur la fillette :

— Votre sœur, sans doute ?