Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/72

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Des pas glissent derrière elle. Elle se retourne et a un mouvement joyeux.

Un surveillant des wagons-lits parcourt le couloir. Elle l’arrête :

— Pardon. Serons-nous bientôt à Marseille ?

— Nous entrerons en gare dans dix minutes, mademoiselle.

— Parfait ! Mille fois merci.

Et l’employé continuant sa tournée, elle court tambouriner à la porte de son cousin.

— Marcel ! Marcel ! Dans dix minutes, on est à Marseille ; hé, pitchoun, réveille-toi pour voir la Cannebière.

Au bruit, une voix, où l’on sent l’hésitation du sommeil, gronde :

— Qui diable fait ce vacarme ?

— Ce n’est pas un diable, c’est ta charmante cousine Emmie, riposte la fillette en se pâmant.

— Mais enfin qu’arrive-t-il ?

— C’est nous qui arrivons ?

— Où ? à Marseille ?

— Tu l’as dit, cousin. Cependant je ne suis pas fière de ta perspicacité ; enfin, dépêche-toi. Tu n’as que quelques minutes.

Et elle-même, s’enfermant dans son compartiment procéda à une toilette rapide, boucla sa valise, et se retrouva dans le couloir avec son cousin Marcel, au moment où, dans un grand bruit de ferraille, le rapide entrait sous le hall de la gare Saint-Charles, à Marseille. Tous deux sautent sur le quai.

À peine descendus, un attroupement attire leur attention. Des voyageurs se pressaient devant l’un des wagons de tête, d’où partaient des cris, des jurons, où le nom de Bouddha, peu accoutumé à résonner sur des lignes françaises, se mêlait aux syllabes d’une langue inconnue.

— Je ne sais pas ce qu’elle dit, s’exclama Emmie, mais je jurerais que c’est la voix du général.

Tibérade s’empressa de questionner ses voisins.

— Que se passe-t-il ?

— Oh ! une chose bouffonne au possible, répondit l’interpellé en riant. Un monsieur à qui l’on a voulu