Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/79

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— Oh ! marée haute. Dans la Méditerranée, vous n’avez pas de marée.

— Pardon, pardon, monsieur, il y a un écart de près d’un mètre.

— Enfin, soit, la chose n’a pas d’importance. Veuillez seulement m’inscrire au tableau de réveil pour cinq heures et demie.

— Chambre n° 15, n’est-ce pas, monsieur ?

— Oui ! Chambre 15.

— Que Monsieur soit tranquille, cinq heures et demie.

Lorsque Marcel Tibérade rejoignit Emmie, il la trouva en face du tableau de réveil, sur lequel le portier inscrivait gravement la mention : 15 — 5,30.

Il lui fallut arracher la fillette à sa contemplation par un énergique :

— Oui ou non, m’accompagnes-tu, petite souris ?

— Voilà ! voila !

Du coup, elle se suspendit à son bras, et tous deux s’engagèrent dans les rues grouillantes de Marseille.

Le temps était propice à la flânerie. Tantôt à pied, tantôt en voiture ou en tramway, ils visitèrent le port de la Joliette, le Vieux-Port. Ils firent le tour de la Corniche, d’où le regard embrasse la côte accidentée et les îles roses dans le poudroiement doré du soleil, stoppèrent un instant sous l’ombrage des superbes platanes du Prado, traversèrent le parc Borely.

Pour finir, une rapide visite au jardin zoologique et au château de Longchamps les conduisit à l’heure opportune pour réintégrer l’hôtel Cannebière. Mais, dès la porte, ils comprirent qu’un événement extraordinaire avait dû se produire ! Une animation soudaine avait remplacé le calme qui régnait au moment de leur sortie. Maîtres d’hôtel, serveurs, chasseurs, garçons d’étage, filles de chambre allaient, venaient, affairés, avec des gestes frénétiques. Des têtes inquiètes se penchaient sur la rampe de l’escalier. Une voix de colère, dans laquelle Marcel et Emmie reconnurent incontinent l’organe du général Uko, emplissait le vestibule de rugissements.