Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/80

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— Il n’y a pas de bon ordre qui tienne, monsieur. On s’est introduit dans ma chambre !

— Mais, monsieur le général, répondait le chef de réception tout ému, je vous certifie que notre personnel est au-dessus de tout soupçon !

— On m’a cependant cambriolé, monsieur !

— Nos voyageurs sont gens honorables.

— Moi, je suis volé, voilà ce que je sais !

— Mais quand, comment ?

— Les voleurs ont négligé de m’en informer.

— Enfin, le vol est-il important ; vous concevez ce que j’entends par ce mot important.

— Jugez-en vous-même, sans m’astreindre à l’étude du sens que vous appliquez aux mots ! Tous mes pantalons ont disparu, des pantalons que j’ai achetés aujourd’hui même dans cette ville pour en remplacer un lot précédemment volé.

Emmie et Tibérade ne purent réprimer un sourire.

Le général avait renouvelé les vêtements à lui dérobés dans le rapide, et aussitôt le voleur avait recommencé son exploit.

— Tous vos pantalons. Ah ! voilà qui est particulier, s’exclama remployé.

Les assistants répétèrent en écho :

— Voilà qui est particulier !

Et le chef de réception reprit :

— Mais ce voleur est un maniaque… S’attaquer à des pantalons. Qui a jamais entendu parler d’un délit semblable ?

L’officier grinça des dents :

— Peu me chaut que vous ayez des précédents ou non. Ce qui m’intéresse, moi, c’est que je n’ai plus de vêtements de jambes, en dehors de celui qui me couvre en ce moment.

— Je crois, monsieur le général, fit gravement l’interpellé, que, dans l’espèce, c’est plutôt un mauvais plaisant qu’un escroc, qui s’est escrimé à votre détriment ; néanmoins, nous allons mener une enquête sérieuse. Le bon renom de notre maison exige qu’un de nos honorables clients ne soit pas déshabillé en dehors de sa volonté.