Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/85

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assis en face de la bouteille d’Evian, à laquelle Emmie vient d’ajouter un ingrédient inconnu. Paisible, l’agent se plongea dans la lecture d’un journal du soir.

Assise à l’extrémité d’une grande table occupant le milieu de la salle, Emmie pouvait ainsi observer tous les assistants, sans, paraître les examiner. De toute évidence, Midoulet ne soupçonnait pas la surveillance dont il était l’objet. Il lisait tout en mangeant avec flegme, donnant l’impression d’un Américain, avec son visage glabre. Il eut soif et se versa un verre de cette eau d’Evian, assaisonnée tout à l’heure par la jeune ennemie, à laquelle, certes, il ne songeait pas.

Ce geste détermina chez celle-ci un rire silencieux que surprit Tibérade, assis, auprès d’elle.

— Pourquoi ce rire ? demanda-t-il. Je ne vois pas ce qui peut t’amuser ici.

Il ne prit pas attention au ton narquois de la fillette répondant :

— Oh ! je suis gaie, raison suffisante pour plisser les muscles zygomatiques, comme les savants en us appellent ceux qui commandent l’hilarité.

— Ah ! bien.

Marcel n’insista pas. Absorbé par la contemplation de Sika, dînant à une petite table voisine, en face de son père, il ne s’étonna aucunement de la riposte.

Et le repas se poursuivit. Emmie ne perdait pas de vue Midoulet. Celui-ci avait abandonné son journal. Ses paupières clignotaient et, par moments, sa tête vacillait sur ses épaules comme si elle avait été trop lourde. La mimique était claire ; l’agent luttait contre le sommeil. Soudain, il se dressa et quitta la salle, salué par un ricanement étouffé de la fillette, qui grommela entre ses dents ces paroles incompréhensibles :

— Et d’un. Il ne reste plus que le tableau.

Successivement les voyageurs se retirèrent se rendant au salon, dans leurs chambres, ou encore aux plaisirs, aux spectacles qu’offre aux touristes la grande cité maritime.

— Ma foi, déclara Marcel, je crois que nous ferons