Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/86

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sagement de nous reposer. Il faudra se lever tôt demain pour embarquer.

— En effet. Seulement, je n’ai pas la moindre envie de dormir.

— En vérité, petite souris ?

— Tout à fait vrai. Aussi je vais en profiter pour envoyer quelques cartes postales aux rares amis que nous avons laissés à Paris.

— Je t’attendrai… commença son cousin.

Mais elle se récria :

— Pas du tout. Tu es las, tu l’as avoué. Va te reposer.

— Je le veux bien, mais toi, ne veille pas trop tard.

— Tu m’entendras rentrer dans ma chambre, Marcel, et je te crierai bonsoir.

— Entendu.

Un baiser fraternel sur le front de la mignonne, et Tibérade la laissa à la porte du salon.

Elle y pénétra après s’être assurée qu’il s’éloignait, griffonna une demi-douzaine de cartes postales, feuilleta une revue illustrée, puis, de l’air le plus naturel, elle se rendit dans le vestibule de l’hôtel, jeta ses cartes dans la boîte ad hoc disposée auprès de la porte d’entrée, et parut se complaire à la vue de la foule bruyante qui remplissait la Cannebière.

C’était l’heure de la promenade du soir, et l’avenue, dont les citoyens de Marseille sont justement fiers regorgeait de monde.

Pourtant un observateur eût constaté que la fillette s’intéressait au moins autant à ce qui se passait sous le vestibule. Quelques minutes après, celui-ci fut complètement désert. Sans doute, Emmie attendait cela, car elle rentra vivement, courut au tableau où étaient inscrits les « réveils » et le parcourant des yeux :

— Chambres 4 et 6 : c’est nous ; 1 et 3 : Sika et le général !… Ah ! voici le 15 ! Réveil à cinq heures et demie.

Tout en parlant, elle effaçait cette dernière indication et la remplaçait par celle-ci : « huit », reculant de deux heures et demie l’instant où l’on tirerait l’agent du sommeil.