Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/89

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chambre. L’inquiétude le reprit. Il courut à la porte, l’entr’ouvrit :

— Garçon ! clama-t-il dans le couloir.

L’interpellé, qui s’éloignait déjà, revint vivement sur ses pas.

— Monsieur désire quelque chose ?… Le petit déjeuner, peut-être ?

— Oui, et un, renseignement : quelle heure est-il ?

— Huit heures précises, monsieur, déclara l’homme d’un ton triomphant. J’ai été exact comme un chronomètre.

Mais il ne poursuivit pas son éloge. La porte s’était refermée avec un claquement retentissant, et derrière le panneau, on percevait les vociférations de Midoulet, absolument fou de rage.

Il y avait de quoi, du reste. Être réveillé à huit heures, alors que le paquebot sur lequel on compte embarquer, a dû quitter le port une heure plus tôt, c’est, on en conviendra, une aventure exaspérante.

En quelques minutes, l’agent était habillé, avait bouclé sa valise.

Il dégringola l’escalier ainsi qu’une trombe, fit irruption dans le bureau en rugissant :

— Ma note ! Par votre faute, je manquerai le paquebot !

— Permettez, monsieur, protesta l’employé auquel il s’adressait.

— On n’a pas idée d’un pareil service ! Je fais marquer mon réveil pour cinq heures et demie et il en est huit !

— Mais, monsieur, je ne comprends rien à vos reproches. Moi-même j’ai porté l’inscription au tableau.

— Où vous avez marqué huit heures, je vous crois.

— Pardon ! Cinq heures et demie… Je tiens à ce que vous vous en assuriez par vous-même, monsieur !

Et l’employé entraînait Midoulet devant le tableau. Mais là son ahurissement fut sans, bornes. En regard de la chambre n° 15, s’étalait un 8 superbe.

— Ah çà ! balbutia-t-il, c’est de la prestidigitation.

Midoulet riposta par un ricanement rageur, solda la note, sans vouloir écouter, l’homme qui cherchait vainement à s’expliquer comment, pensant cinq