Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/11

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geste était nerveux, énergique ; une flamme s’était allumée dans ses yeux.

Il regardait le bristol que venait de lui remettre Jean.

— Fleuriane Defrance, murmura-t-il… Question de vie ou de mort… Faites entrer.

Jean disparut aussitôt, pas si vite cependant qu’il n’eût eu le temps de grommeler :

— Oh ! les femmes ! Ça passe partout !

Un instant plus tard la porte se rouvrait, et dans l’encadrement se dessinait une adorable silhouette de jeune fille.

Vingt ans environ, taille un peu au-dessus de la moyenne, élégante et robuste à la fois. Des cheveux châtain clair contrastant avec le visage blanc et rose, dont le nez délicat, la bouche gracieuse exprimaient la décision et la franchise. Mais surtout des yeux très grands, d’un bleu étrange, presque violet.

Son regard accaparait l’attention, on ne voyait plus qu’eux, et inconsciemment on appliquait à leur propriétaire la formule paradoxale du poète :

Elle se cache derrière ses yeux.

L’habit ne fait pas le moine, dit-on. Cela est possible, mais à coup sûr le costume décèle le « moi » intime de la femme.

Chez Fleuriane, aucune faute de goût. Comme dominante, la simplicité.

Un costume tailleur sobre et de coupe impeccable.

Une simple toque proportionnée à l’ovale du visage.

Cela seul eût indiqué la certitude du goût artistique, à une époque où les chapeaux à la mode, monumentaux et incommodes, donnaient aux femmes l’apparence de roses coiffées du dôme des Invalides.

D’un coup d’œil rapide, Dick Fann avait remarqué ces choses et ce fut d’un ton très aimable qu’il prononça :

— Veuillez vous asseoir, mademoiselle, je vous écoute.

Les traits de la visiteuse s’éclairèrent ; elle prit place, et d’une voix bien timbrée, à laquelle un léger tremblement ajoutait un charme de plus :

— Je vous suis infiniment reconnaissante, prononça-t-elle… infiniment, croyez-le. Je ne veux cepen-