Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/163

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n’avait point à s’inquiéter. Parler d’une chose que l’on ne connaît pas. Un policier qui a le souci de sa réputation, ne saurait agir ainsi.

En voilà un aveu agréable. Dire : nous allons tenir l’assassin de la jeune Edith, seulement nous n’y sommes pour rien et nous ne savons pas même comment cela s’est fait.

Bref, M. Greggson s’était rendu de bon matin à son cabinet, et son impatience modifiant son caractère habituel, il avait rudoyé les agents, ses secrétaires, tous ceux qui l’approchaient.

Onze heures avaient sonné à la pendule ornant la cheminée.

M. Greggson suivait les aiguilles avec impatience.

Au quart, il se mit à tambouriner un pas redoublé sur la table-bureau.

À la demie, il grommela :

— Marche donc, sale patraque.

À trente-cinq, il se répandit en raisonnements baroques, qui eussent semblé inspirés par un soudain délire.

— Ridicules horlogeries… La pendule est certainement détraquée. Elle marche comme une tortue.

La grande aiguille marquait la quarante-quatrième minute après onze heures, quand la porte s’ouvrit brusquement, et M. Greggson regarda, ahuri, les personnages faisant irruption dans son cabinet.

Une femme de noir vêtue, ayant à son chapeau une de ces plumes, dites « couteaux » par les modistes, dont la teinte vert émeraude tranchait durement sur le noir. Cette femme tirait après elle un homme, dont les mains étaient captives de « menottes ».

À la vue de ce dernier, le policier retrouva la voix.

— Monsieur le docteur Meulen, de l’ambassade d’Autriche-Hongrie ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

Mais, avant que l’interpellé eût pu répondre, la femme avait fait sauter chapeau, chignon, et mis ainsi à découvert son visage étrange et expressif.

— Dick Fann, maintenant ! murmura l’Américain.

— Dick Fann lui-même, reconnut le détective, qui avait soutenu si longtemps le rôle de la fille de chambre Mathiesel, Dick Fann, qui vous amène, selon sa promesse, le coupeur de manteaux, le meurtrier de la fille Edith et encore l’assassin de l’agent Hermann.

— Qu’est-ce que vous dites ? Savez-vous qui est celui que vous accusez ?…