Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/162

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— Voyons ! commence-t-il, désireux d’interroger…

Elle tranche encore la question…

— Silence ! Vous saurez en temps utile… Vous n’attendrez pas longtemps.

La voix de la jeune fille s’est en quelque sorte sombrée. Elle est ironique et menaçante ; elle a un timbre mâle.

Et l’automobile roule toujours. Où va-t-on ? Comme pour répondre, une plaque indicatrice se présente, et le docteur Meulen peut lire : « Mulberry Street. »

Ce nom le fait sursauter. D’instinct, il marque un mouvement de fuite, mais le revolver appuie sur son front le cercle froid de son canon d’acier.

Et le véhicule, quittant la chaussée de la voie publique, s’engouffre sous le portail du bureau Central de la police, dont les vantaux, largement ouverts, se referment derrière lui, tels les mâchoires d’un monstre ayant dévoré sa proie.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans son cabinet, M. Greggson attendait pensif.

La veille, il avait reçu une lettre exprès, signée de Dick Fann.

La dite lettre ne contenait que ces quelques lignes :


xxxx« Demain, arrivée du train de New-Haven, à onze heures vingt-cinq matin. Ayez en face de la Central station, une automobile verte, avec wattman sûr.
xxxx« Une femme tout de noir vêtue, avec simple couteau vert au chapeau, fera signe. Que le wattman approche aussitôt du trottoir, sans permettre à aucun autre de le précéder, et qu’il conduise ses voyageurs auprès de vous, à Mulberry street. Je vous présenterai le coupeur de manteaux.
xxxx« Amitiés cordiales,

« D. F »


xxxx« P.-S. — Silence absolu, même vis-à-vis de vos chefs. Vous dirai pourquoi. »

Greggson avait tressailli d’aise au reçu de ce mot laconique. Et puis après avoir tressailli, il s’était énervé. La lettre en disait trop et pas assez.

Le coupeur de manteaux… Quel était-il ? Est-ce que ce discret Dick Fann n’aurait pas pu s’expliquer davantage ?

Garder le silence, recommandait-il. Parbleu ! Il