Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/317

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Excellence Dick Fann que j’ai le plaisir de me trouver ?

Son Excellence ! Le jeune homme ne put que s’incliner modestement.

— Je suis tenu par ma situation, continua le fonctionnaire, de contrôler vos dires. Le sous-officier, qui vous a amenés ici, se rend à cette heure à la banque Impériale et à la Restauration Michel… Je ne doute pas de vos affirmations, mais mon devoir commande.

Les prisonniers s’inclinèrent derechef.

— Dès son retour, vous serez libres, messieurs. C’est une demi-heure à passer en ma compagnie. Pour la rendre aussi brève que possible, je vous prierai d’accepter une tasse de thé… Par ce temps de loup, rien ne vaut la boisson chaude… J’use d’ailleurs d’un thé spécial, qui me vient en droite ligne du Kouang-Si… Vous l’apprécierez sûrement, car je sais les Anglais amateurs éclairés de l’exquis breuvage.

Commencée sur ce ton, la conversation devint tout à fait amicale. Le samovar, ustensile obligé de tout intérieur russe, chantonnait sur son réchaud. Jean Brot se chargea du service, et bientôt tous se délectèrent de l’infusion parfumée dont la chaleur dissipait le malaise de l’averse effroyable subie tout à l’heure. Soudain, on frappa à la porte. Un gendarme parut :

— Qu’est-ce ? demanda le directeur. Le sergent Boris n’est pas encore de retour, je suppose.

— Non, Excellence.

— Alors que veux-tu ?

— Vous remettre cette lettre que l’on vient d’apporter pour vous.

Le militaire tendait à son interlocuteur une large enveloppe jaune, sur laquelle s’étalaient en gros caractères les lignes suivantes :

URGENT
À Son Excellence Milkanowitch,
directeur de la police.

« À lire sans retard. »

— Qu’est-ce que cela ? fit entre haut et bas le destinataire.

Personne ne répondant, il déchira l’enveloppe, en tira une feuille de velin pliée en deux et y jeta les