Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/380

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eux s’en tenait toujours à distance, suivant les méandres des sentiers séparatifs des parcs à bestiaux.

— Le voleur connaissait parfaitement la disposition de l’agglomération, remarqua Dick Fann.

— Oh ! c’est facile.

— Pour qui l’habite, je suis de ton avis ; mais un étranger n’eût pas choisi la voie compliquée que nous parcourons. Il eût craint de s’égarer, d’aboutir à une impasse ; en un mot, de rencontrer l’obstacle inattendu, qui oblige à revenir sur ses pas et prolonge le danger d’être découvert.

Le Mongol retint son cheval, et regardant son interlocuteur bien en face :

— Alors, tu persistes à penser… ?

— Que l’un de tes serviteurs avait été soudoyé par les voleurs.

Pensif, le vieillard rendit la main à son cheval.

— À propos, reprit l’Anglais, auprès des traces de Selm-Arge, tu n’as pas remarqué des empreintes humaines ?

— Aucune, c’est vrai

— Et cela ne t’a pas étonné ?

— Non. J’ai pensé que le larron s’était juché sur le dos du noble animal.

— Et qu’il s’était envolé avec lui, n’est-ce pas ?

— C’est cela même.

Cette fois, Dick s’abandonna à une douce hilarité.

— Erreur initiale d’enquête, expliqua-t-il enfin. Deux hypothèses devaient être envisagées. Un voleur étranger, ou un habitant complice. Tu n’as songé qu’à la première. L’observation que je te faisais tout à l’heure m’a fait penser à la seconde.

— Quel intérêt vois-tu à cette différence ?

— Un intérêt considérable, chef. Le voleur est loin et demeurerait introuvable, si son complice n’était resté au village, où nous le trouverons et le ferons parler. Un mot, aucun des habitants n’a quitté le pays, à la suite du vol ?

— Aucun.

— En ce cas, nous saurons la vérité.

À présent, les deux hommes chevauchaient sans parler. Ils avaient atteint les extrémités limites de l’agglomération du côté de l’est, et le bruit des sabots de leurs chevaux s’étouffait presque au contact du sol feutré d’herbes.

Soudain le Mongol fit halte.

— C’est ici ! gronda-t-il.

— Ici que la piste disparaissait ?