Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/429

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— Les voleurs !

— Non pas les voleurs, mademoiselle, mais les prisonniers des voleurs. Des innocents qui seront envoyés en Sibérie, si vous ne m’aidez pas, tandis que, loin d’ici, je m’acharnerai à démasquer les coupables.

Elle le regardait, stupéfaite et enchantée au fond. L’affaire prenait des proportions gigantesques, inattendues. Et, chose curieuse, elle ne mettait pas un instant en doute les affirmations de son interlocuteur.

Bien plus, elle lui tendit la main, d’un geste instinctif et charmant :

— Je vous aiderai. Que faut-il faire ?

— Exprimer deux désirs au magistrat chargé de l’instruction. Primo : Larmette, reconnu innocent, ne devra être remis en liberté que sous trois jours. Secundo : Vous souhaiterez voir les prisonniers, M. et Mlle Defrance, dans leur prison, chaque jour. Afin de vous éviter le voisinage des criminels entassés dans les geôles russes, ceux dont je parle seront certainement internés dans une roubla, c’est-à-dire dans une salle spéciale où ils n’auront pas de compagnons.

— Je le demanderai, fit-elle simplement.

Dick Fann s’inclina.

— Vous êtes tout à fait résolue ?

— Oh ! fit-elle, absolument.

— Et si je vous demandais de recevoir des télégrammes envoyés par moi, télégrammes qui vous mettraient au courant de mes démarches, et que vous communiqueriez sans doute à Fleuriane, car vous l’aimerez, la pauvre enfant ?

— Je répondrais : avec plaisir.

Puis, comme éprouvant le besoin d’expliquer cette expansion si contraire aux principes d’éducation que l’institut dirigé par Argata Gratamoff dispense aux jeunes barines confiées à ses soins, elle murmura, tandis qu’une légère rougeur montait a ses joues :

— Je ne sais comment expliquer cela. Je ne vous ai jamais rencontré avant cet instant. Et pourtant j’ai en vous la confiance que m’inspirerait un vieil ami.

— Il est un moyen de vieillir une amitié, mademoiselle, prononça lentement le détective, c’est de faire lire sa vie à ceux dont la confiance touche et honore.

Et, désignant un siège :

— Veuillez vous asseoir, je vous en prie. J’ai une longue histoire à vous raconter.

Puis, la jeune fille ayant obéi, il demeura debout.

— Mademoiselle, voici qui justifiera la confiance