Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/65

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Le fait relaté n’avait rien de particulièrement comique. Cependant, l’on eût cru que Larmette et son ami Davisse échangeaient un regard satisfait.

Fleuriane, elle, poursuivait sa lecture :

« Par bonheur, j’avais chez moi deux camarades. Tandis que l’un s’empressait à m’amener un médecin, l’autre se chargea de vous expédier, à bord de la Touraine, le coffret où j’avais enfermé les corindons. J’ai le regret de vous prier de vouloir bien les convoyer jusqu’en Amérique.

« Le docteur pense que je devrai garder le lit durant six semaines au moins, et j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas retarder si longtemps l’envoi des pierres.

« L’accident n’aura d’ailleurs pas d’autres suites graves. La fracture est nette, sans esquilles. À présent que je suis pansé, bandé, etc… je souffre fort peu.

« Mon principal regret, mademoiselle, est de vous causer l’embarras de la transmission du coffret. Dans l’espoir que vous pardonnerez ce cas de force majeure, je vous prie de croire au respectueux dévouement de

« A. Lastin. »

Larmette avait écouté, le sourire aux lèvres ; l’ingénieur Botera avait l’air tout aussi indifférent, mais il n’en était pas de même de Davisse, dont les sourcils se froncèrent à plusieurs reprises, avec une expression non équivoque de colère. Cependant, ce dernier même avait repris son calme lorsque Fleuriane se tut.

— Tiens, tiens, tiens, modula Mme Patorne en minaudant, il était écrit que nous devions être en relations avec M. Larmette… Ma chère Fleuriane, vous étiez déjà sa cliente sans le savoir.

— Ce dont je me félicite, s’empressa d’ajouter le joaillier. Une première affaire engage à d’autres… Et j’espère que, dans l’avenir, nous échangerons de vrais bijoux au lieu de pierres sans valeur.

Il s’interrompit.

— Mais je ne veux pas me montrer indiscret ; à l’heure du départ, chacun souhaite prendre quelques dispositions pour la traversée. Je regagne ma cabine, afin de vous donner toute liberté d’en faire autant.