Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/71

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Il faisait grand jour quand Dick Fann ouvrit les yeux.

Un instant il s’allongea sur son étroite couchette, au-dessus de laquelle se trouvait celle occupée par Jean Brot. Après quoi, il se passa la main sur le front en grommelant :

— C’est curieux comme j’ai la tête vide. Tout à fait vide, et lourde… Ces cabines sont véritablement trop exiguës : on manque d’air.

Mais il s’arrêta net.

— Non… ce n’est pas cela… nous avons eu de l’air en quantité suffisante… nous avons oublié de fermer le hublot.

La réflexion lui était arrachée par la vue de l’ouverture ronde, dont le châssis s’apercevait rabattu.

Tout en parlant, Dick Fann sautait à terre et procédait à sa toilette. Un ronflement léger appela son attention. Il regarda la couchette supérieure : Jean Brot dormait la bouche ouverte, dans l’abandon d’un profond sommeil.

— Comme cela dort, ces gamins ! fit le détective d’une voix indulgente. Ce serait criminel de l’éveiller !

Et sans bruit, prenant des flacons, des pots, il se mit à refaire le maquillage qui lui donnait l’apparence de Frachay le mécanicien.

Il se disposait à sortir, quand des mots confus furent balbutiés.

— Bon, Jean se décide à renaître.

Jean, en effet, s’étirait, mais ses mains revenaient toujours à son front, s’y crispant comme pour chasser une sensation importune.

Le geste inquiéta le détective.

— Eh bien, prononça-t-il à haute voix, tu as du mal à t’éveiller, petit Jean. Tu n’es pas indisposé, au moins ?

Le gamin avait ouvert les yeux.

— Ah ! c’est vous, monsieur… Bonjour, vous avez bien dormi… moi aussi… Trop dormi sans doute, car j’ai la tête lourde, douloureuse.

— Ah !

Avec son habitude de rapprocher les faits, Dick s’étonnait que le gamin, en revenant à la conscience, prononçât les mêmes paroles qui avaient jailli de ses propres lèvres un instant plus tôt.

Et, d’instinct, il promena autour de lui un regard investigateur.