Mais cette inspection amena une découverte qui fit dériver les pensées du jeune homme.
Sur le tapis couvrant le plancher, presque caché par le rebord de la couchette réservée à Dick, un large pétale de tulipe, jaune strié de rouge, se montrait. Le détective le ramassa.
— Un pétale de tulipe, murmura-t-il. Où t’es-tu procuré cela, Jean ?
— Moi, patron, je n’ai jamais eu de tulipe.
— Pourtant, voici un pétale.
— Je dis comme vous, c’en est un ; mais ce n’est pas moi qui l’ai apporté. Après ça, il est peut-être entré par la fenêtre.
Jean désignait le hublot ouvert, par lequel un rayon de soleil pénétrait dans la cabine. Le détective se prit à rire franchement.
— Tu as raison, petit ; avec ma manie de rechercher le pourquoi de tout, j’en arrive à compliquer les choses les plus simples. Mais, j’étais impressionné par ce fait que nous nous sommes éveillés l’un et l’autre en nous plaignant d’avoir le front douloureux.
— Tiens ! Ah ! ça, c’est cocasse.
— Mais je vais déjà mieux. Un tour sur le pont, et il n’y paraîtra plus ; tu me retrouveras au dining-room ; un café, une tartine me remettront tout à fait.
Dick Fann s’approcha du hublot. Il avançait déjà la main pour jeter au dehors le pétale de tulipe qu’il tenait entre le pouce et l’index, mais il se ravisa.
— Non, j’adresserai une observation aux hommes de service… une cabine doit être tenue d’impeccable façon.
Et, glissant la feuille brillante dans sa poche, il sortit en disant encore :
— Au dining, n’est-ce pas, Jean ? Dans une demi-heure.
Il semble qu’il soit tout simple de prendre son premier déjeuner quand on en a la ferme résolution. Dick Fann allait apprendre à ses dépens qu’entre le bol de café au lait, les rôties et les lèvres, il y a place pour l’inattendu.
Sur le pont, il aperçut Mme Patorne grimaçant un entretien matinal avec le bijoutier Larmette.
Mais il désirait demeurer livré à lui-même, reprendre son aplomb.
Une vague pesanteur au front, un point doulou-