Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/116

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La question demeurait sans réponse.

Et, de l’absence d’explication le voyageur éprouvait une mauvaise humeur qui le surprenait plus encore que sa réserve passée.

Que lui importait l’existence d’une fille de François Gravelotte ? Elle serait sa cousine, voilà tout…

Une cousine ! Il s’avisa tout à coup qu’aucune désignation de parenté ne chatouillait plus agréablement l’oreille.

Du poing, il se martela les genoux en grommelant :

— C’est trop bête, j’ai rêvé. Je n’ai point de cousine. S’il en était autrement, l’oncle ne cacherait pas sa fille ; un père ne met pas son enfant sous le boisseau, surtout lorsqu’elle est ravissante. Alors… alors, je suis un niais, fiancé désormais à Rana, un véritable singe. Parbleu ! Voilà le mot de l’énigme ! La réalité est si grimaçante que je me jette à corps perdu dans un rêve trop joli pour appartenir à la terre.

Le bruit d’un corps lourd s’aplatissent sur le sol, des exclamations, des vociférations l’arrachèrent soudain à ses pensées.

Il se retourna vivement et un large éclat de rire lui échappa devant le spectacle qui s’offrit à sa vue.

Par suite d’une fausse manœuvre, sans doute, la litière verte avait basculé sur l’épaule des porteurs ; à ce moment, ceux-ci tiraient, qui par les pieds, qui par la tête, Niclauss et Fleck empêtrés dans les rideaux de leur véhicule.

Albin, du reste, ne put se délecter longtemps de ce tableau caricatural.

Fargut leva sa canne dorée.

Les Malais accélérèrent leur allure, et un tournant de la route cacha au voyageur les rivaux qu’il laissait en arrière.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant, tempêtant, hurlant, le père et le fiancé de Lisbeth s’introduisaient derechef dans leur palanquin enfin redressé.

Après tout, ils en étaient quittes, l’agent d’affaires pour une bosse au front, Niclauss pour une meurtrissure du nez.