Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/121

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Les deux premiers porteurs descendirent dans l’eau… Bientôt la litière se balança au-dessus de l’élément liquide, au beau milieu du courant.

Que se produisit-il alors ?

Ni l’homme d’affaires, ni son gendre espéré ne le surent jamais au juste.

Un des porteurs prétendit qu’un serpent s’était enroulé autour de ses jambes et l’avait fait choir.

Le certain est que le palanquin culbuta, que l’eau jaillit tout alentour, et que les voyageurs empêtrés firent un plongeon inattendu dans l’onde fraîche du ruisseau.

Étourdis, aveuglés, à demi asphyxiés, Niclauss et son compagnon avalèrent, bien malgré eux, quelques gorgées du liquide.

Ils eurent l’impression d’être tiraillés en tous sens, et enfin, ruisselants, trempés, ils se trouvèrent étendus sur le rivage.

Autour d’eux se pressaient avec des rires, des cris, une cinquantaine de femmes qui, fort heureusement, s’étaient trouvées là, à point nommé, pour accourir à leur secours. 

Ces sauveteuses caquetaient à qui mieux mieux.

Soudain, Niclauss sursauta :

— Je rêve.

— Hélas non, soupira Fleck, nous avons bel et bien pris un bain glacé, dont mes rhumatismes se seraient assurément passés.

— Je ne vous parle pas de cela.

— Et de quoi donc alors ?

— De ces Malaises. Regarde-les.

L’agent d’affaires suivit le conseil, et à son tour demeura stupéfait.

C’est que les femmes qui l’entouraient offraient une particularité jusqu’à ce jour réservée à certaines espèces de fleurs. Elles offraient toutes les nuances de l’arc-en-ciel. Les unes se montraient d’un vert tendre de feuillage printanier, d’autres avaient le teint vert foncé du sapin du Nord. Celles-ci jouissaient d’une peau jaune d’or, celles-là rutilaient du plus pur écarlate. Un petit nombre exposait aux regards un épiderme indigo. Et, phénomène incompréhensible, au milieu de ces