Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/16

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M. Fleck leva les bras vers le plafond et l’émotion mettant encore plus de choucroute dans son accent :

— : C’est un anche pour la douceur, un anche du pon Tieu. Jamais un mot plus haut que l’autre.

– Eh ! interrompit Niclauss, je connais Mlle Lisbeth : vous étiez mon correspondant au collège.

– Oui, oui, mon ami. Elle a fait de moi un père bien heureux, et son mari…

– Son mari sera comme son père, c’est entendu. Lorsque vous m’avez proposé de la prendre pour femme avec dix millions, est-ce que j’ai hésité ?

– Je dois dire que non !

– Je vous ai répondu : « Quand vous le voudrez. » Alors, vous vous êtes écrié : « Brave jeune homme… Partons pour Paris, je veux vous montrer que les dix millions existent. Après je vous apprendrai quand, comment, et à quelles conditions ma Lisbeth pourra devenir votre épouse charmante, la compagne… »

— Adorable de vos jours, la gardienne délicieuse de votre foyer.

Le jouvenceau blond filasse eut un geste d’impatience.

– Entendu, vous dis-je. Nous voici à Paris. Vous m’avez conduit rue de Provence, aux bureaux de la Société Générale pour favoriser le développement du commerce et de l’industrie en France ; vous m’avez fait passer sous les yeux le compte des dépôts effectués, depuis quinze ans par vous, dans cette maison de banque, au nom de François Gravelotte, mon oncle, établi dans ses plantations de l’île de Sumatra. Vous m’avez murmuré à l’oreille : « Ces dix millions, les voulez-vous ? »

– Toujours sans hésiter, vous avez répliqué : « Oui. »

– Et vous m’avez conduit ici, afin qu’un cabinet nous mît à l’abri des oreilles indiscrètes. Nous sommes seuls, enfermés ; j’attends que vous vous expliquiez.

À ce moment, la cloison craqua légèrement.

Aucun des assistants ne prêta attention à ce bruit.

Ils ne pouvaient soupçonner que, de l’autre côté de la paroi séparative, deux hommes ne perdaient