Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/15

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tulent modernes, ce que le penseur traduit, après avoir observé, par sans âme, sans esprit, sans cœur, sans énergie et sans volonté.

La porte s’était refermée, le garçon avait disparu.

Le jeune homme s’adressa au personnage ventru.

– Nous voici seuls, mon cher monsieur Fleck, je » vous écoute.

– À l’instant, à l’instant, Herr Gavrelotten Niclauss, repartit l’interpellé avec un accent allemand des plus prononcés, un de ces accents tout parfumés de choucroute et de saucisse de Francfort.

Puis, se tournant vers la jeune fille :

– Tiens-toi tranquille, Lisbeth ; tu te trémousses sûr ta chaise comme un diable du Rhin dans un vieux burg… La gymnastique et la conversation, ça fait deux choses différentes.

– Oui, papa, modula Lisbeth, en roulant ses yeux bleu faïence.

Dix-huit ans, un teint de lis et de roses, une tête comme on aime à en voir sur les épaules d’une poupée, avec des cheveux pâles soigneusement ondulés, des regards inexpressifs s’efforçant d’exprimer, des joues rondes, un nez sentimentalement retroussé ; elle avait ce genre de beauté que l’on a qualifiée, je ne sais pourquoi, de beauté du diable.

Belle fille avec cela, voire quelque peu athlétique, la main grasse et blanche, les chaussures larges, offrant à sa personne un support solide, Lisbeth était bien la fräulein d’outre-Rhin.

Et quel singulier Costume !

Une robe bleue, brochée de signes astronomiques d’un vert éclatant : croissants de lune, étoiles. Le corsage orné d’un empiècement vert et de manches roses, la jupe légèrement retroussée, laissant apercevoir un jupon de soie jaune maïs… un triomphe de bigarrure, un arlequin de tons, une salade russe de couleurs.

Les bonnes joues roses, le nez en trompette, les mains grasses s’évertuaient sans y réussir à l’attitude pensive, anxieuse de l’adolescente dont le mariage se va décider.

– Oui, papa, avait-elle dit.