Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/194

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Mais sa large face s’épanouit en une expression d’infinie gratitude, d’inaltérable dévouement, lorsqu’il sentit, interposées entre sa paume et celle du faux douanier, des pièces de monnaie.

Certes, il était sensible à la distinction flatteuse, mais son corollaire argentin lui dilata le cœur et probablement aussi les viscères voisins.

Il demeura là, penché, ému et jubilant, tandis qu’Oraï s’éloignait, allant s’assurer que ses prisonnières s’installaient avec résignation.

Quand il pénétra dans la chambre des deux Anglaises, celles-ci l’accueillirent par une bordée de récriminations.

— J’ai voulu aller dehors, clama Mrs. Doodee, et la porte était fermée par la clef !

— Totalement fermée, incapable de s’ouvrir, appuya Mable avec un soupir qu’eût envié un phoque !

Placidement, le sacrificateur répliqua :

— C’était exprès.

— Exprès ?

Les deux femmes levèrent les bras vers le plafond, comme pour le prendre à témoin de leur infortune, et Eléna reprit :

— Vous pensez que je consentirai à demeurer en captivité ?

Sa colère ne troubla pas son interlocuteur.

— Je le pense.

— Quoi ? Une citoyenne anglaise…

— Pardon ! Américaine, vous voulez dire.

— Non, non, non, Anglaise.

Oraï sourit :

— Prenez garde, miss…

— Mistress, rectifia la jolie blonde au comble de l’exaspération.

Du geste, le Sumatrien lui imposa silence.

— Ou bien vous êtes miss et Américaine, dans ce cas, un petit voyage, une obéissance souriante et vous retrouverez votre liberté ; ou bien vous êtes Anglaise et veuve, alors je vous conduis au plus prochain bourg, on vous enferme en prison, et le gouvernement oublie des captives suspectes, dont il n’a aucune raison de se souvenir.

Elles frissonnèrent