Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/193

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— Vous avez le chemin de fer, ici ?

Nouveau salut.

— Oui, monsieur l’officier, la ligne de Pantenang à Samarang, ce qui les amène bien près de Djokjokarta, le but de leur voyage, à ce que j’ai cru comprendre.

— Nous allons en faire autant.

— Impossible ce soir. Le dernier train a quitté la ville.

Un instant, Oraï demeura silencieux. Puis il murmura si bas que son interlocuteur, bien que prêtant complaisamment l’oreille, ne put l’entendre :

— Il ne faut pas que le jeune homme découvre la supercherie. Daalia n’est pas encore en état de quitter Batavia.

Avec un léger haussement d’épaules, il reprit :

— Écoutez, monsieur le maire de relais.

Une inclination profonde et l’interpellé psalmodia :

— Mon respect pour les douanes garantit mon attention.

— Vous avez remarqué que deux dames m’accompagnent ?

— Je l’ai remarqué, si vous le permettez.

— Bien. Ce sont de nobles étrangères.

— Je le crois, puisque vous daignez me l’affirmer.

— Vous leur ferez servir à dîner dans leur chambre. Pour des raisons connues du gouvernement, personne ne doit leur parler, ni correspondre avec elles.

M. Rigjoon fit exécuter à son échine une nouvelle flexion.

— On sera muet, monsieur l’officier.

— Oh ! reprit Oraï, la défense ne s’applique certainement pas à vous, mais à deux voyageurs qui arriveront dans la soirée.

— Je les surveillerai.

— Précisément, c’est ce que j’espérais de votre loyalisme.

Sur ce, la main du sacrificateur se tendit vers le maître de poste ; celui-ci, confus d’un tel honneur, la saisit avec un salut, qui donna à son dos l’apparence d’un plan incliné, dont le sommet n’était pas du côté de la tête.