Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/218

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anglais. Mais avant qu’ils aient trouvé l’établissement hospitalier et réconfortant, ils sont arrêtés par un incident que leur ignorance des mœurs javanaises ne leur a point permis de prévoir.

Depuis un instant déjà, la foule devenait plus compacte autour d’eux.

Des paillotes, des masures, hommes, femmes, enfants, sortaient, les considérant avec surprise, poussant des cris.

Soudain une noce indigène passa.

Deux mannequins gigantesques, figurant un homme et une femme, ouvraient la marche.

En arrière, venaient une cinquantaine de musiciens produisant un bruit de tonnerre sur pareil nombre de tam-tams.

Le tout escorté de cent jeunes gens, à califourchon sur de petits poneys, et portant le costume de fête : sarongs (jupons) de soie bleue ou rose, colliers, écharpes chatoyantes sur le torse nu, kriss aux poignées dorées.

Ensuite, la mariée, modestement enfermée dans un palanquin à quatre porteurs. Sa ceinture argentée, la peinture jaune safran étalée sur son visage, ses mains, ses mollets et ses pieds, lui donnaient le plus étrange aspect.

Sa famille suivait en longue procession.

Enfin l’époux, au riche costume, barbouillé de jaune comme sa « compagne et dame », assis dans un char en bambou, dont le cocher, en grande livrée javanaise, rouge et or, avait jugé bon de se coiffer d’un chapeau gibus orné d’une cocarde anglaise,

Albin et son ami riaient de bon cœur devant cet étrange cortège, quand des mains discrètes se posèrent sur leurs épaules.

— Qu’est-ce ?

Des soldats de la police, pieds nus, mais vêtus de l’uniforme blanc, rouge et vert, sont auprès d’eux :

— Que voulez-vous ?

À la question qu’ils ne semblent pas comprendre, les policiers répondent en intimant par gestes aux Européens l’ordre de les suivre.

Les jeunes gens obéissent.

On les conduit dans une maison voisine, où un