Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/225

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Cette fois, c’est l’escorte qui s’associe à la réception, car ce concert infernal, ce déploiement musical a lieu en l’honneur du neveu du riche planteur Gravelotte, en l’honneur d’Albin lui-même.

Ahuris, assourdis, les deux amis sont perchés sur le marchepied.

En face d’eux se sont rangés les dragons d’escorte, juchés sur leurs petits poneys, vêtus de vert et de rouge, coiffés de casques en carton surmontés d’aigrettes flamboyantes. Ils poussent des cris assourdissants en signe de bienvenue ; les poneys hennissent, et toujours les fanfares, européenne et indigène, joutent à qui produira le plus insupportable vacarme.

— Ah ! ces coquins ont bien manœuvré pour nous retarder.

À ces paroles d’Albin, traduisant une admiration plutôt tiède pour les sonorités honorifiques dont on salue son arrivée, Morlaix répond :

— Retard aujourd’hui. Demain, nous n’en voyagerons que plus vite. Au surplus, on nous traite en grands personnages ; j’ai idée que cela nous servira auprès du sultan indépendant de Djokjokarta.

Mais voici le résident lui-même. Il vient, sous un immense parasol, inviter les jeunes gens à passer la nuit dans son palais.

Une voiture les attend.

Et le cortège se met en marche, les dragons galopant, les musiciens courant, faisant assaut de vitesse et de tapage, tandis que les indigènes, jugeant que tant de bruit signale des personnages de haute lignée, s’accroupissent au passage sur les talons et courbent le front dans la poussière.