Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/23

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« Je tremblais seulement que le chef changeât d’avis.

« Il n’en fut rien.

« Le lendemain, à la même heure, il pénétra dans ma case. Avant même qu’il eût parlé, je m’écriai :

— J’accepte la vie.

« Il grimaça un sourire.

« — Alors tu consens à devenir Batta ?

« — Je consens.

« — En vrai Batta, tu ne quitteras jamais l’île de Sumatra ?

« — Je ne la quitterai pas.

« — Dès ce moment tu seras soumis à nos lois ?

« — C’est entendu.

« — Attends encore. Il faut que tu connaisses la loi. Tout Batta est tenu de se marier avec une fille de notre race.

« J’eus une moue. Pourtant, le mariage où la rôtissoire…, je renfonçai ma mauvaise humeur, et résolument :

« — Je me marierai.

« Le chef eut un geste satisfait.

« — Au mieux, je te donnerai ma fille.

« Cette façon de se procurer un gendre, hein ? Je n’eus pas le loisir de m’appesantir sur l’indélicatesse du procédé, le chef continua :

« — D’après notre loi, le mariage célébré, le mari renvoie l’épouse dans son village natif, ou dans une localité de son choix. Par exception, ma fille résidera sous ton toit.

« — Pour me surveiller ? m’écriai-je imprudemment.

« — Tu l’as compris, repartit mon imperturbable interlocuteur. Mais la législation batta ne te condamne pas à une seule épouse. Tu pourras, par la suite, choisir autant de femmes qu’il te plaira, et celles-là tu les expédieras où tu le voudras.

« Le lendemain, j’étais marié à la batta, avec Rana, fille du chef Ourvero.

« En la voyant, j’avais compris pourquoi Ourvero m’avait donné la préférence. Rana était une jeune fille maigre, chétive, à la peau jaune foncé, dont