Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Une fille ! Il ne m’en a jamais parlé.

— Quelle dissimulation ! minauda Lisbeth, avec un vague sourire. 

— Il devait avoir ses raisons. Quoi qu’il en soit, la demoiselle se nomme Daalia.

— Le dahlia, marmotta aussitôt la jeune fille, se méprenant à l’orthographe du mot, le dahlia dit la gratitude, le remerciement.

Darnaïl lui lança un regard étonné et poursuivit :

— Cette fille, née d’une mère batta, a conservé en son cœur le culte de la tradition de M’Prahu, et c’est elle qui a voulu que ses cousins fussent soumis aux huit épreuves.

— Ses cousins… Vous savez donc qu’elle en a…

— Deux… Oui. C’est elle-même qui l’a écrit.

— Elle ?

— Et c’est au reçu de sa lettre, que Negoro, mon doux époux m’a rappelée de Samarang, où je me reposais chez des amis.

— Mais le but des épreuves ?

— Je l’ignore, seigneur.

— Même avec une petite gratification nouvelle ?

— Hélas ! oui.

Ces trois syllabes furent prononcées avec un désespoir comique. Sincèrement, la danseuse regrettait de ne pouvoir trahir la fille de son maître au profit d’étrangers payant si bien la trahison.

Son désir de servir Fleck fut même tel que, extrayant de son corselet un papier couvert d’une écriture jolie et décidée, elle le remit à l’homme d’affaires :

— Lisez, seigneur, et vous n’ignorerez rien de ce que sait votre servante.

Sans fausse honte, Fleck saisit la missive et déchiffra ce qui suit :

« Batavia.

— Batavia ! s’écria-t-il, elle est à Batavia ?

— Oui. La Pangherana Daalia occupait un appartement à l’hôtel Nederlandische.

— J’y suis descendu moi-même.

— Alors, Votre Seigneurie l’a peut-être croisée.

Niclauss, Lisbeth, écoutaient sans un mot, sans un geste.