Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/235

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rendait accessible aux beautés du pot-de-vin décoré du nom de commission par ceux qui le reçoivent ou qui le donnent. 

Aussi s’empressa-t-il de répondre :

— Fixez vous-mêmes le chiffre.

Et, en aparté :

— Il s’agit de dix millions, donc ne liardons pas.

— Doublez votre petit cadeau, susurra Darnail, d’une voix, insinuante.

— Cinq mille… les voici.

Ce disant, Fleck ouvrait son portefeuille. Dans son désir de savoir, il venait d’être maladroit. Le mari et la femme regrettèrent incontinent de s’être montrés modérés dans leurs prétentions. Puisque l’étranger ne soulevait aucune objection, c’est qu’il avait un intérêt considérable à être renseigné, et dans cette occurrence, pourquoi eux, jetés par le destin sur la route d’un aussi généreux voyageur, ne profiteraient-ils pas de l’aubaine ?

Le résultat de ces réflexions rapides fut qu’ils clamèrent avec un touchant ensemble :

— Non, pas cinq mille.

— Quoi donc, alors ?

— Dix. — Dix ?

Darnaïl s’inclina gracieusement :

— Nous avons dit : doublez, seigneur. Cinq doublé égale dix. Il ne nous semblait pas que cela pût être compris autrement.

Elle avait une impudence tranquille pour affirmer ses choses. Résister, parbleu ! Fleck en eut une forte envie ; mais son instinct d’homme de proie l’avertissait qu’il tenait la piste d’une révélation capitale.

— Soit, dit-il, je paierai la somme que vous réclamez ; seulement, vous n’exigerez plus rien après cela ?

— Le seigneur peut en être certain, roucoulèrent les indigènes dont les faces épanouies traduisaient la satisfaction.

— Bien. Prenez donc et parlez.

Les billets de banque passèrent des mains de l’Allemand dans celles de ses hôtes. Darnaïl les examina méticuleusement ; puis, convaincue de leur authenticité, elle se décida à éclairer son interlocuteur.

— Herr Gravelotte a une fille.