Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/245

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Du coup, Gravelotte tendit la main à son interlocuteur.

— Alors, monsieur le Résident, confiance pour confiance. Ma visite à l’hôtel Mérapi a un but.

— Allons donc… et ce but ?

— À l’arrivée, nous avons reconnu une personne, qui se mettait trop obstinément en vue pour n’avoir pas le désir qu’on la vît.

— Une personne amie ?

Ce fut Morlaix qui répondit :

— Oui.

— Or, continua Gravelotte, puisque vous êtes si bien informé, vous devez savoir aussi…

— … Que vous avez des rivaux.

— Précisément. 

— Je devine… La personne dont vous parliez vous renseigne sur leurs faits et gestes.

— Ma foi, monsieur le Résident, vous lisez dans ma pensée. Je conçois que la Hollande soit bien servie si elle compte beaucoup de serviteurs aussi perspicaces que vous.

Pour ce compliment, le fonctionnaire eut un agréable sourire, puis baissant encore le ton.

— Peut-être aurez-vous peine à entretenir votre éclaireur sans être troublés. La vie à Java commence au coucher du soleil.

— Nos adversaires en effet sont gênants, car… ils ne se séparent guère, de notre office de renseignements

— En ce cas, conclut gaiement le Hollandais, il faudrait presque parler devant eux et cependant leur interdire d’entendre.

— Juste ! Par malheur, cette solution est irréalisable.

— Vous vous trompez.

Jamais affirmation ne stupéfia des mortels autant que ces trois mots jetés négligemment par l’interlocuteur d’Albin.

— Pardon, se récria le jeune homme, vous dites ?

— L’exacte vérité. Ici encore le savoir joue un rôle.

— Le savoir.

— Parfaitement. C’est au botaniste de vous aider de ses lumières.

Puis, entraînant les jeunes gens vers une fenêtre, il leur désigna le jardin qu’éclairaient des globes électriques :