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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/244

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— Et elle l’empêtre maintenant de tout le protocole néerlandais.

Tandis que les complices se congratulaient ainsi, Albin et Morlaix descendaient de voiture, serraient les mains du Résident et répondaient à ses souhaits de bienvenue.

Tous trois disparurent à l’intérieur du palais, l’escorte se disloqua, et les badauds, jugeant la représentation terminée, se dispersèrent.

Tout en dégustant quelques rafraîchissements, les Français causaient avec leur hôte, au milieu de la spacieuse salle à manger de marbre que des pankas automatiques ventilaient constamment.

— Quelle est la maison sise de l’autre côté de la place ?

— L’hôtel Mérapi.

— Ah ! un hôtel… j’aimerais y faire un tour.

— Oh ! vos désirs sont des ordres. Mes instructions portent de ne vous contrarier en rien.

— Quoi ? le Gouvernement…

— Sait marquer sa faveur pour la famille d’un colon de la valeur de M. François Gravelotte.

Albin s’inclina, Morlaix sourit.

— Vous m’excuserez donc de vous quitter quelques instants, reprit le premier. Voici la nuit tout à fait venue. Je pourrai, sans attirer l’attention, me passer ma fantaisie.

Le fonctionnaire hollandais cligna des yeux et, non sans finesse :

— Est-ce bien une fantaisie seulement ?

— Il me semble.

— Oh ! je ne prétends pas forcer votre confiance ; mais s’il en était autrement, vous auriez avantage à vous confier à moi, car… je vous aiderais de mon mieux.

Et, comme les jeunes gens le regardaient, étonnés, il ajouta mystérieusement, en baissant la voix :

— Jugez-en. Demain matin, vous aurez audience du Sultan dans le Kraton. Vous verrez les bayadères.

— Darnaïl, s’exclama Albin.

— Et d’autres. Vous subirez les épreuves du Savoir, notamment celle du tigre, laquelle n’émeut point l’homme qui sait… Vous saurez ; car je suis chargé de vous instruire.