Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/264

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Les soldats rangés autour de la cour ont exécuté un mouvement inattendu. Maintenant ils forment, en avant du Pendoppo, un carré sur deux rangs. Mais ils font face à l’intérieur de ce carré, et leurs lances en arrêt semblent en menacer le centre.

Que signifie tout cela ?

Albin et Niclauss, guidés par des mandarins bleus, sont conduits hors du pavillon, ils descendent les degrés de marbre, sont introduits dans le carré formé par les guerriers.

Tout autour d’eux, les lances menaçantes s’allongent dans leur direction.

Niclauss a peur.

Albin, lui, se confie sagement :

— Puisque les épreuves doivent se terminer par des fiançailles, elles ne peuvent donc pas être bien dangereuses.

C’est logique. Seulement quand l’effroi saisit un homme, la logique s’envole. On croirait vraiment que terreur et raisonnement sont des ennemis irréconciliables. Si l’un se montre en un endroit, l’autre disparaît.

Aussi Niclauss ne raisonne pas, il tremble.

Mais l’orchestre indigène emplit l’espace de sonorités cacophoniques. À l’extrémité de la cour, une porte cramoisie s’ouvre, livrant passage à un char attelé de bœufs. Sur le char est une cage dorée, et dans cette cage, des tigres, qui répondent à l’harmonie malaise par de longs rugissements.

Comme tous les hauts personnages de Malaisie, le sultan a ses tigres captifs, destinés à figurer dans certaines fêtes ou réceptions. Ce sont ces hôtes farouches qui entrent en scène.

Gavrelotten les a vus :

— Des tigres, bredouille-t-il, éperdu !

— Dans une cage, riposte Albin.

— C’est vrai, mais pourquoi les amène-t-on ici ?

— Je l’ignore. J’estime d’ailleurs que, en observant, nous le saurons.

Le char porte-tigres roule pesamment. Il se dirige fers le carré. Les soldats ouvrent leurs rangs ; le char pénètre à l’intérieur.

Se pressant, des serviteurs détellent les bœufs, sortent avec eux de l’espace auquel les lances font une barrière infranchissable, et la cage, ses hôtes