Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/291

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Français ou Allemands, furieux de leur déconvenue, criaient, menaçaient.

Le maître de poste, intimidé en apprenant que l’automobile appartenait au Résident de Djokjokarta, finit par avouer :

— Le Saheb officier douanier, que vous cherchez, a reçu ici un télégramme.

— Un télégramme ?

— Je ne sais quel en était le contenu, mais à la maison du télégraphe, on le dirait sans doute à des amis de Son Excellence le Résident.

Le digne homme n’avait pas fini sa phrase que tous les voyageurs se précipitaient vers le télégraphe, distant de cinquante mètres. Ils firent irruption dans l’édifice comme une véritable trombe.

À l’employé, assis devant ses appareils de transmission, tous s’adressèrent en même temps, parlant à la fois, menant un vacarme dont le premier résultat fut de décider l’agent à lever désespérément les bras au ciel, et le second, d’inciter ce fonctionnaire à se boucher les oreilles.

Devant cette mimique expressive, l’exaspération des Européens tomba. Gravelotte porta la parole au nom de tous.

— Vous avez remis un télégramme à des touristes qui ont traversé le pays, il y a une heure et quart à peu près.

— Secret professionnel, psalmodia l’employé.

— Il n’y a pas de secret pour nous.

— Pour vous, peut-être, seigneur ; mais, pour moi, c’est autre chose.

La conversation commencée sur ce ton eût pu se prolonger longtemps.

Morlaix intervint :

— Le sentiment qui vous guide, monsieur le télégraphiste, est louable.

L’autre s’inclina :

— Mais, continua le domestique ami, le secret professionnel cesse d’être un devoir quand la sûreté de l’État est en jeu.

— La sûreté de l’État !… répéta l’agent, impressionné par le ton grave de son interlocuteur.

— Justement.

— Mais en quoi une dépêche privée peut-elle intéresser ?.…