Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

échappaient, et, conséquence morose, ils étaient condamnés à demeurer dans le vague au sujet des mystérieuses combinaisons familiales de l’oncle François.

François Gravelotte, Oraï, Rana, Daalia, les deux Anglaises, Darnaïl ! Vers quel but tendaient tous ces acteurs d’une comédie dont les jeunes gens se sentaient les jouets ?

Et la tendresse grandissante d’Albin pour celle qu’il supposait, sans oser l’affirmer, devoir être sa cousine Daalia, l’incitait à une rêverie mélancolique.

Fleck et Niclauss ne se sentaient pas d’humeur plus joyeuse, bien que leurs préoccupations fussent d’ordre plus monnayé.

Morlaix seul marchait allègrement.

C’est que lui ne rêvait ni d’une fortune fugace, ni d’une fiancée imprécise. Au bout dû sentier, il le savait, il allait retrouver l’automobile, et dans le véhicule, cette bonne, simple, grassouillette Lisbeth, dont toute la petite âme allemande, un peu fruste, mais si désireuse de s’affiner, lui appartenait sans conteste.

La rencontre devait même avoir lieu plus tôt.

À cinq ou six cents mètres de la route de Samarang, Lisbeth apparut dans le sentier, toute blême d’inquiétude.

Elle avait discerné l’éruption, et tremblante à l’idée que les voyageurs pouvaient se trouver en péril, elle venait à leur rencontre.

— Monsieur Morlaix !

— Mademoiselle Lisbeth !

— Il ne vous est rien arrivé de fâcheux ?

— Rien du tout.

— Le ciel en soit loué ! Et papa, votre ami ?

— Ils me suivent… ainsi que le… quatrième dont vous ne parlez pas.

Tous deux rient gaminement à ces paroles. Mais les compagnons de Morlaix surviennent à leur tour et la physionomie de la jeune fille se transforme. Elle exprime l’étonnement.

— Pourquoi donc avez-vous changé de vêtements ?

— Changé ?

Les voyageurs se regardent ; à leur tour, ils demeurent stupéfaits.

Leurs habits, leurs coiffures, leurs chemises de couleur, tout est devenu d’un blanc immaculé.