Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meurer seul, marcha dans les traces de son beau-père.

C’est ainsi que tous arrivèrent à l’Agence de la Compagnie de navigation « Insulindia ».

Dans les bureaux qu’ils envahirent, le dialogue ci-dessous s’engagea :

— Le Jacinto vient de quitter le port.

— Oui, señor. 

— Quelle est sa destination ?

— Manille, île de Luçon (Philippines).

— Avec escales ?

— Pas d’escales, señor.

À cette réponse, Albin se frotta les mains, et par imitation, ses compagnons en firent autant.

— Donc, ils vont à Manille sûrement, conclut Gravelotte.

Les frictions manuelles redoublèrent ! Dix paumes se polirent, se rougirent, signe indéniable de satisfaction, tandis que le jeune homme poursuivait :

— Le Jacinto est-il beau marcheur ?

— Oui, pour un cargo-boat. Il ne transporte les voyageurs que secondairement.

— Mais enfin sa vitesse ?…

— De douze à quinze nœuds.

— Peuh ! 

Ici l’employé discerna confusément des clients possibles. D’ahuri son visage devint aimable, souriant

— Est-ce que les señors et la señora avaient l’intention d’embarquer ?

— Précisément.

— Alors, je leur demanderai la préférence.

Le paquebot Toledad quittera Samarang demain, à destination de Mindanao, Manille et Canton. Un vapeur extra rapide tout moderne, vingt nœuds en moyenne. De telle sorte qu’en partant vingt-quatre heures plus tard, et en stationnant douze heures à Mindanao, il arrivera à Manille avant le Jacinto.

Cette dernière affirmation décida les voyageurs qui, vingt minutes après, munis de leurs billets de classe, s’installaient sur le Toledad, au grand ébahissement du personnel, qui ne pouvait comprendre que, la veille du départ, des passagers parussent craindre aussi fort d’être en retard.