Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et puis, partout des couvents abritant les innombrables confréries qui ont pullulé en Espagne.

En vain, les Américains, ces nouveaux maîtres des Philippines, ont envoyé quelques détachements de pasteurs, chargés d’inculquer aux indigènes la conviction que le protestantisme est supérieur au catholicisme, — éternelle concurrence des religions s’ajoutant à celles des races, des intérêts, — pour les naturels, les nouveaux venus représentent simplement quelques congrégations de plus.

Car, c’est une particularité curieuse, dans cette ex-colonie espagnole, la religiosité est tiède.

Leur histoire est celle d’une perpétuelle révolution, tantôt politique, visant à l’autonomie, tantôt religieuse, se traduisant par l’incendie de quelques monastères. Mais qu’elle soit politique où religieuse la rébellion change seulement d’épithète. Au fond, elle est une, elle est la révolte incoercible contre l’invasion.

Telle est d’ailleurs la force de l’habitude que, de longtemps, la paix civile ne pourra être établie dans les îles Philippines.

À présent, les habitants se révoltent contre les Américains, comme ils se soulevaient autrefois contre les Espagnoles.

Tod’ el siengre ! (Tout le sang !)

Ce cri de guerre farouche retentit contre les nouveaux maîtres du pays, avec le même ensemble, le même enthousiasme sauvage qu’autrefois.

C’est la protestation incessante d’un peuple esclave qui veut être libre. Ce cri, que rien ne saurait étouffer, soufflette la face de l’univers égoïste qui ne veut pas entendre ; ce cri accumule les colères de l’Infini. Il faut des victimes à l’aurore de toutes les libertés.

Albin, Morlaix, Fleck et Niclauss ignoraient complètement cette situation, par ces motifs que les deux premiers étaient des Français légers, le troisième un homme d’affaires sérieux, et le dernier un Allemand moderne, trop imbu de la supériorité germanique pour prêter attention à autre chose.

Quant à la blonde Lisbeth, elle s’absorbait complètement dans l’unique désir d’apprendre les paroles, les gestes, les pensées, le goût, les plus agréables au domestique-ami.

Donc le Toledad déposa les cinq voyageurs sur les